TOUT EST DIT

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vendredi 14 décembre 2012

On vit très bien en France mais pour combien de temps ?

Le niveau de vie actuel des Français n'est qu'une illusion. Car plus la part de l’État dans l’économie est forte, plus la croissance est faible.
Les Français – au moins ceux qui vivent en France – me disent souvent que je suis trop sévère et que l’on vit très bien dans notre pays. Ils ont, bien sûr, tout à fait raison. On vit très bien en France, où la génération la plus stupide de l’Histoire, celle de Mai-68 (dont je fais partie), a déjà dépensé toute l’épargne accumulée par les générations précédentes, pour ensuite emprunter l’épargne future de leurs enfants et maintenant de leurs petits-enfants. Consommer en une génération l’épargne et du passé et du futur assure en effet un niveau de vie très agréable, mais à une seule génération, au mieux.
Permettez-moi de rappeler que cela ne me paraît ni sain, ni durable, ni démocratique… et que cette gabegie arrive probablement à son terme. Après tout, pourquoi ces petits-enfants se sentiraient-ils responsables d’un endettement qu’ils n’ont jamais voté, d’autant qu’il n’a pas servi à financer des investissements productifs générant des revenus ? Nos enfants, nos petits-enfants n’ont aucune raison ni légale ni morale de se sentir solidaires du paiement de nos retraites… aucune.
Et selon toute probabilité, ils ne le feront pas. Mais, hélas, ce n’est pas tout. L’excuse qui nous est servie à chaque augmentation de la part de l’État dans l’économie est bien entendu que c’est chose nécessaire pour «préserver l’emploi». Vérifions encore, par honnêteté scientifique, en mettant d’un côté la part de l’État dans l’économie et de l’autre le taux de chômage de la population active.
Nous découvrons que c’est exactement l’inverse qui se produit...

Comme le disait Bastiat, sans doute le meilleur économiste que la France ait connu, « en économie, il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas».
Ce que l’on voit, c’est un ou deux emplois qui ont été préservés par l’intervention de la puissance publique dans les mécanismes du marché du travail. Ce que l’on ne voit pas, ce sont les dizaines d’emplois qui ne seront jamais créés à cause de ces interventions. Si l’Union soviétique a sauté, au grand désespoir de toute l’intelligentsia de la rive gauche, c’est bien parce que les penseurs des Lumières avaient raison.
L’État n’est bon à créer ni richesse, ni liberté, ni emplois, ni croissance. Tout au plus des fonctionnaires. Courteline disait : «En France, on sème des fonctionnaires et on récolte des impôts.» Et chaque fois que l’on embauche un fonctionnaire – ce qui se voit –, entre trois et quatre emplois potentiels du secteur privé ne sont pas créés – ce qui ne se voit pas.
Cette triste réalité – objective – nous permet, peut-être, d’aller un peu plus loin. Nous avons constaté que le taux de croissance de l’économie française ne cessait de baisser structurellement. Peut-être est-il temps de donner une explication à ce qui apparaît encore comme un grand mystère à beaucoup de commentateurs ?
Considérons le graphique suivant.
Croissance structurelle du PNB français (échelle de droite) Ratio des valeurs ajoutées en francs courants selon l’Insee- Source : GaveKal Research.
Ce graphique est légèrement différent du précédent : au lieu de faire le rapport entre l’économie communiste et l’économie capitaliste – courbe qui montait –, le rapport est fait cette fois-ci entre l’économie capitaliste et l’économie communiste. Ce nouveau ratio, qui est donc l’inverse du précedent, baisse structurellement.
Depuis 1978, comme chacun peut le voir, la part de l’économie «libre» par rapport à celle de l’économie communiste ne cesse de baisser. La deuxième information, celle que nous cherchons à expliquer, apparaît sur l’échelle de droite (en pointillé). Il s’agit du taux de croissance moyen des sept dernières années (2002-2009) et qui constitue une bonne approximation du taux de croissance structurel de l’économie française. L’évidence est accablante : plus la part de l’État dans l’économie est forte, plus la croissance est faible. Plus la croissance est faible, plus le taux de chômage monte. Plus le taux de chômage monte, plus les dépenses de l’État augmentent.
Et plus la croissance est faible… Un cercle vicieux dans toute son horreur… Ce bon M. Keynes ne nous a jamais averti que l’intervention de l’État pour minimiser les effets d’une récession avait un prix. Et que ce prix était une baisse du potentiel de croissance sur le long terme.
Pendant encore combien de temps ?

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