vendredi 24 février 2012
L’air de la guerre
En explosant dans le fracas que l’on sait en 1991, l’URSS a laissé derrière elles quelques pétaudières qui, à intervalles réguliers, viennent mettre en péril les déjà fragiles équilibres régionaux. Plus particulièrement dans le Caucase du Sud où la Russie ne s’est jamais privée de souffler sur les braises sécessionnistes.
Ces « conflits gelés » ont pour nom la Transnistrie, l’Ossétie (du Sud) ou l’Abkhazie, et plus encore le Haut-Karabakh, que se disputent Azerbaïdjanais et Arméniens.
Si cette guerre, qui a fait plus de 30 000 morts entre 1988 et 1994, a depuis longtemps été oubliée en Europe, elle est, là-bas, présente dans toutes les mémoires. Et elle porte en elle les germes d’un nouveau drame. Dix-huit ans après l’arrêt des combats, la plaie que représente la perte de ce territoire symbole et des sept régions adjacentes est toujours extrêmement vive en Azerbaïdjan.
Un cessez-le-feu avec Erevan a bien été signé le 16 mai 1994, mais la ligne de front, dite de « contact », est actuellement l’une des zones chaudes de la région. Chaque année, des soldats, de l’un ou l’autre camp, y tombent sous les balles de snipers ou lors d’escarmouches plus ou moins violentes. Officiellement 25 ont été tués en 2010, près d’une centaine en 2011.
L’an dernier, des tirs d’artillerie ont même été enregistrés et le budget militaire de l’Azerbaïdjan a explosé, passant de 150 millions de dollars en 2004 à à plus de 3 milliards en 2011.
Autant de signes qui montrent que le risque de voir la guerre reprendre n’est pas que théorique.
Les autorités azerbaïdjanaises se considèrent en effet comme étant toujours en état de guerre. Au moins aussi longtemps que les sept régions illégalement occupées et considérées comme «zone tampon» par l’Arménie ne seraient pas libérées. Le président Aliyev a quant à lui récemment expliqué qu’il n’excluait aucune voie au règlement de cette question.
Cette rhétorique martiale est aussi une façon de s’adresser à ses compatriotes. Dans la dialectique nationaliste, il est toujours commode de se mobiliser contre le voisin.
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