Cela s'est décidé à la dernière minute. La fédération de Moselle du Parti socialiste l'a annoncé le matin même. Les syndicalistes du site, eux, ne l'ont appris que la veille au soir, confie Jean-Marc Vécrin, délégué CFDT. "Il y avait urgence, la situation des salariés de Florange nécessitait qu'on s'en préoccupe", explique Michel Liebgott, maire de la commune voisine de Fameck et député PS de Moselle.
[Retrouvez le duel à distance qui a opposé François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui était au même moment face aux salariés de Petroplus en Seine-Maritime.]
Autant dire que les métallos d'ArcelorMittal n'ont pas mis les petits plats dans les grands pour recevoir le candidat socialiste à l'Elysée. Dans la matinée, le blocage de la sortie des expéditions du site, entamé jeudi, se poursuivait, pendant que l'intesyndicale (CGT-CFDT-FO-CFE-CGC) se réunissait pour décider de la suite des événements. Les manifestants se réchauffent comme ils peuvent en buvant du café soluble et se serrant autour d'un grand feu allumé devant l'usine, alimenté par des pneus, morceaux de bois et autres matériaux. L'ambiance n'est pas à la fête. La visite de François Hollande ne suscite pas spécialement d'engouement.
Vers 13 heures, François Hollande arrive sur le site. Mais il est bloqué par les hordes de journalistes, photographes et caméras qui l'entourent. "François, c'est ici que ça se passe, c'est nous que tu es venu voir!", crient les ouvriers qui ont formé une haie d'accueil. Les sifflets se multiplient. L'impatience monte. C'est la bousculade. Le candidat socialiste parvient avec peine à s'approcher du camion qui sert de porte-voix des délégués syndicaux. "François monte sur le toit du camion!", crient les ouvriers. Ce qu'il fait.
Sous les cris de "Hollande président" - plutôt rares - et de "interdiction des licenciements" - très nombreux -, l'élu socialiste s'est engagé à déposer un texte de loi obligeant les entreprises qui veulent fermer à céder les unités de production à des repreneurs.
Il a également vertement critiqué les accords compétitivité-emploi prônés par Nicolas Sarkozy. Il a rappelé être favorable à la représentation des syndicats dans les comités d'administration pour participer à la prise de décisions stratégiques, et promis d'augmenter les cotisations chômage des entreprises qui recourent à l'intérim pour lutter contre la précarité des salariés. Applaudissements.
Si sa cote de popularité excède largement celle de Sarkozy, le candidat socialiste ne part pas pour autant avec un blanc-seing électoral. Car les salariés ont conscience d'être un enjeu de campagne, rien de plus. Hollande en a peut-être convaincu certains, mais la plupart restent inquiets pour l'avenir de leur usine et la pérennité de leurs emploi. "Des élus qui viennent faire des promesses, on en a déjà vu avant. C'est la période qui veut ça. On attend de voir si lui, il va vraiment tenir ses promesses", conclut Julien, 27 ans. Fondeur à Florange depuis cinq ans, il voit l'avenir en noir.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire