Le Fonds monétaire international va changer de directeur pour l'Europe en pleine crise de la dette sur ce continent, après la démission inattendue du Portugais Antonio Borges, remplacé un vieux routier de l'institution.
Le FMI a annoncé dans un communiqué la démission avec effet immédiat de M. Borges, 63 ans, "pour raisons personnelles".
Cet économiste n'aura passé qu'un an à Washington, à des fonctions qui l'ont amené à superviser des prêts parmi les plus grands de l'histoire de l'institution, à la Grèce (30 milliards d'euros) et à l'Irlande (22,5 milliards), deux membres de la zone euro. Il était, conformément à la tradition du Fonds, mis à l'écart des relations avec son pays, le Portugal, auquel le FMI a accordé un prêt de 26 milliards d'euros.
Selon des sources proches du Fonds, il ne faisait pas l'unanimité. Certains collègues lui reprochaient de parler trop franchement en public avant de s'être assuré du consensus en interne.
L'un des moments marquants de son mandat fut quand, le 5 octobre, il évoqua lors d'une conférence de presse à Bruxelles la possibilité que le FMI intervienne sur les marchés de la dette publique, comme le fait la Banque centrale européenne.
Quelques heures plus tard il publiait un communiqué pour préciser: "Nous n'avons pas discuté de ces questions avec nos Etats membres".
Son successeur choisi par la directrice générale Christine Lagarde est d'un profil très différent: l'Irano-Britannique Reza Moghadam est un fonctionnaire entré au FMI en 1992 et connu pour son entregent auprès des Etats membres et sa discrétion.
Directeur de la Stratégie, des Politiques et de l'Evaluation depuis 2008, il a joué un rôle central dans les relations avec le G20 et dans la conception des réformes entreprises par le Fonds ces dernières années.
"J'ai hâte de voir Reza Moghadam appliquer à notre travail en Europe la même vision stratégique, la même diligence et le même entrain que ceux qu'il a démontrés à son poste précédent", a déclaré Mme Lagarde, cité dans le communiqué.
Sa nomination doit être avalisée par les Etats membres au conseil d'administration. Commencera alors une tâche qui s'annonce délicate.
M. Moghadam devra créer un nouveau type de mission: le Fonds s'est vu confié la tache inédite de surveiller l'application des mesures économiques promises par l'Italie, huitième économie mondiale, à ses partenaires européens.
Il lui faudra aussi gérer l'épineux problème de la Grèce. Si l'Irlande et le Portugal se montrent des élèves appliqués des recommandations du FMI, l'organisation multilatérale a multiplié les déconvenues dans ce pays.
Athènes bénéficie du plus grand prêt jamais versé par le Fonds (17,4 milliards d'euros à ce jour) mais l'économie grecque continue de s'enfoncer dans la récession. De plus, selon l'hypothèse centrale du FMI, l'Etat hellène ne sera pas capable de se financer normalement sur les marchés avant 2021.
Les relations restent à nouer avec le nouveau gouvernement grec d'union nationale dirigé par Lucas Papademos. Et à Washington, M. Moghadam devra trouver, avec Mme Lagarde, le compromis entre les pays membres du FMI qui souhaitent un soutien maximal de l'institution à la Grèce et ceux qui se refusent à l'augmenter vu la lenteur des réformes dans ce pays.
Ce chantier est laissé inachevé par M. Borges, malgré un CV considéré idéal dans cette crise: il combinait une expérience à la Banque du Portugal où il aura été l'un des architectes de la création de la monnaie unique européenne, et une autre chez Goldman Sachs International, où il avait pu parfaire sa connaissance des marchés financiers.
jeudi 17 novembre 2011
Démission surprise du directeur Europe du FMI
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