Une grève des taxis contre la dérégulation du métier, qui entrera lundi dans sa troisième semaine, porte un coup à l'économie fragile de la Grèce et handicape le secteur névralgique du tourisme.
Aucun taxi jaune ne circule plus à Athènes ni dans aucune ville depuis mi-juillet. Les propriétaires de taxis ont multiplié les blocages dans les ports, aéroport, et sur les autoroutes, entravant la circulation et abandonnant sous un soleil de plomb des myriades de touristes chargés de valises au pied des bateaux ou des avions.
Dans un pays où le secteur du tourisme représente un cinquième du PIB et où les taxis assument un rôle de quasi service public, - entre l'aéroport d'Athènes et le port du Pirée d'où partent les ferries vers les îles, ainsi que dans les îles elle-mêmes peu desservies par les transports en commun - les professionnels du tourisme s'impatientent, et demandent une solution "immédiate".
Après l'intervention de la justice, les protestataires ont mis un bémol à leurs actions les plus impopulaires, en levant les péages sur les autoroutes ou en ouvrant les portes de l'Acropole pour laisser les touristes entrer gratuitement.
"Je ne peux pas contrôler ces gens", s'est indigné mercredi le président des taxis d'Athènes, Thymios Lybéropoulos sur la télévision Alter.
Comme celle des routiers l'an dernier, la dérégulation des taxis s'inscrit dans le cadre de mesures visant à ouvrir à la concurrence des métiers protégés en Grèce, avocats, pharmaciens ou ingénieurs, afin de relancer l'économie en récession depuis trois ans.
Dans le cas des taxis, le ministre des Transports estime que la réforme servira aussi à "lutter contre l'argent noir" dans un secteur où les licences sont achetées et vendues "d'une manière qui favorise l'évasion fiscale".
Renommés pour leur faible qualité de service, les taxis grecs ont longtemps résisté avant d'accepter de donner des reçus à leurs clients ou de ne pas fumer dans leur voiture.
Jeudi, certains ont tenté de bloquer des cars de touristes au Pirée, jetant de l'huile sur la chaussée pour empêcher la police de les disperser.
Le bras de fer avec le gouvernement a commencé début juillet, quand le nouveau ministre des transports a refusé d'appliquer un accord survenu avec son prédecesseur, avant le remaniement du 17 juin, qui prévoyait de lier "le nombre de taxis à la population de chaque ville".
Ce compromis aurait permis de limiter le nombre de voitures en circulation, ce que demandent les taxis qui estiment que la libéralisation va "créer un encombrement" de voitures, et "faire chuter la valeur" de leurs licences chèrement acquises.
Après avoir rencontré le ministre vendredi, ils ont maintenu leur mouvement. "Nous allons continuer à lutter jusqu'à ce que nos demandes soient satisfaites", a lancé M. Lyberopoulos.
Dans la semaine, le Premier ministre Georges Papandréou s'était déclaré à l'écoute, tout en restant ferme sur la nécessité de la réforme.
Selon les médias, la grève a causé 1,2 milliard de pertes au Pirée, certains bateaux de croisière renonçant à acoster et continuant plus loin en Méditerrannée pour débarquer leurs touristes.
"Alors que le nombre d'arrivées a augmenté de 10 à 15%, les revenus provenant de la consommation des touristes sur place ont chuté de 10%", relève le président de l'union de commerçants, Vassilis Krokkidis.
"Je viens de rentrer de Rhodes (île du Dodécanèse, sud) et tous les touristes étaient cloués à leurs hôtels", déplore-t-il.
D'autant plus que le secteur du tourisme est déjà touché cette année par la chute de 20% du tourisme intérieur, les Grecs partant moins en vacances à cause de la récession.
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