jeudi 28 avril 2011
Deux poids, deux mesures
Au moins 400 morts depuis le début de la répression des manifestations à Deraa, en Syrie, des blindés contre une population désarmée... « C'est inacceptable », comme l'a déclaré Nicolas Sarkozy à Rome, et c'est une situation qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de l'Egypte au début de la révolution et à celle de la Libye avant l'intervention de la communauté internationale à l'ONU.
Dans ces conditions, peut-on envisager un processus analogue, à moins que le mort syrien ne pèse moins lourd que le mort libyen ? C'est malheureusement la seconde attitude, celle du deux poids, deux mesures, qui risque de prévaloir, et pour plusieurs raisons.
– Ecartons d'abord un argument facile et démagogique : on n'interviendrait pas en Syrie parce que ce pays n'a pas, lui, les immenses ressources pétrolières de la Libye.
– On n'interviendra pas en Syrie parce que le vote de l'ONU obtenu à l'arraché par MM. Sarkozy et Juppé n'est pas renouvelable en raison des liens étroits entre la Russie et la Syrie. La Russie, la Chine et même les Etats-Unis n'ont aucune intention de se laisser embarquer dans un nouveau conflit à caractère militaire au Proche-Orient.
– Mais la raison de fond tient à la géopolitique : depuis près d'un demi-siècle, la Syrie est la garante d'un équilibre régional, elle est proche de l'Iran, du Hezbollah libanais et même de la Turquie. Les grandes puissances redoutent un coup de torchon à Damas et ménagent Bachar al-Assad comme elles ont ménagé son dictateur de père, qui fit pourtant assassiner un ambassadeur de France, 241 militaires américains et 58 parachutistes français à Beyrouth en 1983.
Ames sensibles, tournez la tête, car la realpolitik sent souvent mauvais.
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