TOUT EST DIT

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lundi 28 février 2011

Remaniement dans le remaniement

Faire d'un mal un mieux, c'est une vieille règle en politique. Contraint de se séparer de sa ministre des Affaires étrangères à peine plus de trois mois après le remaniement à suspense de novembre, qui avait pourtant mobilisé les têtes pensantes du microcosme politique pendant une moitié de l'année, Nicolas Sarkozy n'avait pas la tâche facile pour convaincre l'opinion, hier soir, que cette brusque embardée ne remettait pas en cause le dispositif gouvernemental si laborieusement mis en place. Le chef de l'Etat a donc choisi de dépasser le seul problème posé par le cas Alliot-Marie et de prendre acte du fait que le « changement historique » en Tunisie, en Egypte et en Libye l'obligeait à reconsidérer l'ordre des priorités de la fin de son quinquennat.

A l'usage, la partie réussie du précédent remaniement concerne surtout les domaines économique et social. Malgré quelques frictions frontalières, le duo à Bercy entre Christine Lagarde et François Baroin donne des signes d'une complémentarité fertile. L'arrivée de Xavier Bertrand aux Affaires sociales semble avoir apporté la cohérence qui manquait aux initiatives gouvernementales face aux énormes défis de l'emploi et de la protection sociale. Ce n'est pas un hasard : l'équipe Fillon, jusqu'au choix de garder le même Premier ministre, avait été pensée par l'Elysée en fonction de deux objectifs primordiaux. Réussir la présidence française du G20, d'une part. Rétablir au moins en partie les grands équilibres macroéconomiques pour continuer de peser, avec l'Allemagne, sur l'avenir de l'Union européenne, d'autre part.

En revanche, si Nicolas Sarkozy a fait un long travail sur lui-même pour « présidentialiser » son style et sa personne, cette remise en question avait curieusement épargné le mode de fonctionnement de son propre entourage. Il manquait un remaniement dans le remaniement. Nommer Michèle Alliot-Marie au Quai d'Orsay, c'était en fait maintenir la prééminence acquise par Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, sur les sujets diplomatiques. Plus en tout cas qu'avec un Alain Juppé réinvesti dans ce ministère où il a déjà excellé. Cette monopolisation des fonctions régaliennes de l'Etat par les conseillers les plus proches du président peut avoir des vertus d'efficacité pour initier les grands chantiers réformateurs d'un quinquennat. Mais mieux vaut disposer de ministres de plein exercice quand il s'agit de fixer un cap et de s'y tenir sur les terrains éminemment politiques de la politique extérieure, de la justice ou de la sécurité. Et tout ce qui s'est passé récemment sur ces différents fronts montre que le moment était arrivé de le reconnaître.

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