Peut-il réussir là où tant de ses prédécesseurs ont échoué ? François Fillon parviendra-t-il à mener à bien une réforme des retraites forcément impopulaire, celle-là même dont Michel Rocard disait qu'elle pouvait faire tomber dix gouvernements ? Le Premier ministre est moins connaisseur en football que le chef de l'État - il ne lui serait sans doute pas venu à l'idée de recevoir Thierry Henry le jour même où deux millions de personnes étaient dans la rue, ça non - mais il montre des qualités certaines pour marquer en contre. Un goût avéré, pour la contre-attaque, avec l'absence totale de complexe du débutant. Non sans culot, il a toisé le mécontentement de la rue pour bien faire comprendre que, cette fois, il irait jusqu'au bout. Et il n'a pas attendu plus d'une nuit pour le faire. Lui que l'on avait dit effacé, ombre dans l'ombre de Nicolas Sarkozy, subissant une fonction dont il avait programmé lui-même la disparition, charge sabre au clair. C'est mister Nobody au pont d'Arcole ! Et si le vrai bonapartiste était à Matignon plutôt qu'à l'Élysée ? Le chef du gouvernement ne semble guère s'embarrasser, en effet, de sa cote de popularité qui s'érode, certes, mais résiste étonnamment bien à une crise qui aurait pu la ruiner. Il mise sur sa détermination dans la tempête pour renvoyer l'image d'un dirigeant ne variant pas aux vents de la colère. Cette obstination-là lui vaut sans doute considération et crédibilité dans une France lassée et même agacée par les diktats des sondages maniés, jusqu'à la manipulation parfois, par les maîtres-stratèges de la communication. Lui, est plus à l'aise avec un simple calendrier en carton-mâché qu'avec des liasses d'enquêtes d'opinion. Pour les retraites, il a réglé le timing au millimètre, manœuvrant à découvert pour prendre par surprise une opposition presque étonnée par une offensive aussi candide. Maintenant, il pousse son avantage... Le risque, maintenant, c'est d'en faire trop. A force de nier la rigueur au prétexte, simpliste, qu'ailleurs c'est bien pire, il affaiblit son propre discours de fermeté budgétaire et financière. Il a trop nié toute hausse des impôts pour que le début de reniement qu'il a esquissé hier passe inaperçu. Il ne faudrait pas, non plus, que le courage dont on le crédite encore prenne peu à peu l'apparence d'une froide arrogance modèle Juppé 95. Le danger, ce serait de se laisser emporter par un excès de confiance en lui : narguer le mouvement syndical en minimisant l'ampleur du jeudi de protestation, c'est aussi faire un pied de nez à une France qui souffre et s'inquiète. Avoir raison, seul contre tous s'il le faut, dans la seule idée de servir les intérêts du pays, est une tentation à laquelle cet ex-gaulliste social doit être sensible. Sera-t-il capable de résister à ses maléfices.
samedi 26 juin 2010
But en contre
Peut-il réussir là où tant de ses prédécesseurs ont échoué ? François Fillon parviendra-t-il à mener à bien une réforme des retraites forcément impopulaire, celle-là même dont Michel Rocard disait qu'elle pouvait faire tomber dix gouvernements ? Le Premier ministre est moins connaisseur en football que le chef de l'État - il ne lui serait sans doute pas venu à l'idée de recevoir Thierry Henry le jour même où deux millions de personnes étaient dans la rue, ça non - mais il montre des qualités certaines pour marquer en contre. Un goût avéré, pour la contre-attaque, avec l'absence totale de complexe du débutant. Non sans culot, il a toisé le mécontentement de la rue pour bien faire comprendre que, cette fois, il irait jusqu'au bout. Et il n'a pas attendu plus d'une nuit pour le faire. Lui que l'on avait dit effacé, ombre dans l'ombre de Nicolas Sarkozy, subissant une fonction dont il avait programmé lui-même la disparition, charge sabre au clair. C'est mister Nobody au pont d'Arcole ! Et si le vrai bonapartiste était à Matignon plutôt qu'à l'Élysée ? Le chef du gouvernement ne semble guère s'embarrasser, en effet, de sa cote de popularité qui s'érode, certes, mais résiste étonnamment bien à une crise qui aurait pu la ruiner. Il mise sur sa détermination dans la tempête pour renvoyer l'image d'un dirigeant ne variant pas aux vents de la colère. Cette obstination-là lui vaut sans doute considération et crédibilité dans une France lassée et même agacée par les diktats des sondages maniés, jusqu'à la manipulation parfois, par les maîtres-stratèges de la communication. Lui, est plus à l'aise avec un simple calendrier en carton-mâché qu'avec des liasses d'enquêtes d'opinion. Pour les retraites, il a réglé le timing au millimètre, manœuvrant à découvert pour prendre par surprise une opposition presque étonnée par une offensive aussi candide. Maintenant, il pousse son avantage... Le risque, maintenant, c'est d'en faire trop. A force de nier la rigueur au prétexte, simpliste, qu'ailleurs c'est bien pire, il affaiblit son propre discours de fermeté budgétaire et financière. Il a trop nié toute hausse des impôts pour que le début de reniement qu'il a esquissé hier passe inaperçu. Il ne faudrait pas, non plus, que le courage dont on le crédite encore prenne peu à peu l'apparence d'une froide arrogance modèle Juppé 95. Le danger, ce serait de se laisser emporter par un excès de confiance en lui : narguer le mouvement syndical en minimisant l'ampleur du jeudi de protestation, c'est aussi faire un pied de nez à une France qui souffre et s'inquiète. Avoir raison, seul contre tous s'il le faut, dans la seule idée de servir les intérêts du pays, est une tentation à laquelle cet ex-gaulliste social doit être sensible. Sera-t-il capable de résister à ses maléfices.
Peut-il réussir là où tant de ses prédécesseurs ont échoué ? François Fillon parviendra-t-il à mener à bien une réforme des retraites forcément impopulaire, celle-là même dont Michel Rocard disait qu'elle pouvait faire tomber dix gouvernements ? Le Premier ministre est moins connaisseur en football que le chef de l'État - il ne lui serait sans doute pas venu à l'idée de recevoir Thierry Henry le jour même où deux millions de personnes étaient dans la rue, ça non - mais il montre des qualités certaines pour marquer en contre. Un goût avéré, pour la contre-attaque, avec l'absence totale de complexe du débutant. Non sans culot, il a toisé le mécontentement de la rue pour bien faire comprendre que, cette fois, il irait jusqu'au bout. Et il n'a pas attendu plus d'une nuit pour le faire. Lui que l'on avait dit effacé, ombre dans l'ombre de Nicolas Sarkozy, subissant une fonction dont il avait programmé lui-même la disparition, charge sabre au clair. C'est mister Nobody au pont d'Arcole ! Et si le vrai bonapartiste était à Matignon plutôt qu'à l'Élysée ? Le chef du gouvernement ne semble guère s'embarrasser, en effet, de sa cote de popularité qui s'érode, certes, mais résiste étonnamment bien à une crise qui aurait pu la ruiner. Il mise sur sa détermination dans la tempête pour renvoyer l'image d'un dirigeant ne variant pas aux vents de la colère. Cette obstination-là lui vaut sans doute considération et crédibilité dans une France lassée et même agacée par les diktats des sondages maniés, jusqu'à la manipulation parfois, par les maîtres-stratèges de la communication. Lui, est plus à l'aise avec un simple calendrier en carton-mâché qu'avec des liasses d'enquêtes d'opinion. Pour les retraites, il a réglé le timing au millimètre, manœuvrant à découvert pour prendre par surprise une opposition presque étonnée par une offensive aussi candide. Maintenant, il pousse son avantage... Le risque, maintenant, c'est d'en faire trop. A force de nier la rigueur au prétexte, simpliste, qu'ailleurs c'est bien pire, il affaiblit son propre discours de fermeté budgétaire et financière. Il a trop nié toute hausse des impôts pour que le début de reniement qu'il a esquissé hier passe inaperçu. Il ne faudrait pas, non plus, que le courage dont on le crédite encore prenne peu à peu l'apparence d'une froide arrogance modèle Juppé 95. Le danger, ce serait de se laisser emporter par un excès de confiance en lui : narguer le mouvement syndical en minimisant l'ampleur du jeudi de protestation, c'est aussi faire un pied de nez à une France qui souffre et s'inquiète. Avoir raison, seul contre tous s'il le faut, dans la seule idée de servir les intérêts du pays, est une tentation à laquelle cet ex-gaulliste social doit être sensible. Sera-t-il capable de résister à ses maléfices.
Olivier Picard
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