Ne soyons pas pingres : Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde ont joué un rôle majeur dans le sauvetage de l'euro et de l'Europe. La réactivité présidentielle, arme idéale au plus fort d'une crise, confirme que la politique peut reprendre l'ascendant sur les marchés.
Mais cette victoire, bienvenue pour redorer le blason élyséen, n'a d'avenir que si elle s'accompagne d'une stricte discipline budgétaire. À deux ans de la présidentielle, l'effort s'annonce urgent, massif et donc périlleux.
Urgent : depuis le plan du Premier ministre Mauroy, en 1982, tous les gouvernements ont annoncé des politiques de rigueur et des sorties de tunnel. Vingt-huit ans plus tard, l'État dépense moitié plus ¯ pour boucler les fins de mois davantage que pour financer l'avenir ¯ que ce qu'il engrange de recettes fiscales. Les seuls intérêts de la dette absorbent presque tout l'impôt sur le revenu et privent le pays de deux points de croissance.
Politiquement, il est toujours difficile de demander aux citoyens de se serrer la ceinture en période de croissance. Mais, pour ne l'avoir pas fait, gauche et droite confondues, à la timide exception de Lionel Jospin, le gouvernement doit manoeuvrer un pays plombé, impuissant à financer les solidarités qui font le ciment d'une société. On pourrait en faire le même grief aux Européens, conscients depuis toujours de l'indiscipline grecque. Cette absence de courage fait mal à la politique.
Massif : ou bien nous n'usons que de rustines et on en prend pour des années de croissance molle ; ou bien on taille dans le vif, et ¯ peu importe qu'on le nomme rigueur ou austérité ¯ le redressement sera douloureux. Si douloureux qu'il ne pourra pas être conduit sans un gros effort de pédagogie et, surtout, d'équité.
La potion dont nous parle tardivement François Fillon semble sans commune mesure avec la gravité du mal. Le gouvernement craint de frapper fort au moment où il redoute que les retraites poussent les salariés dans la rue et l'opposition au pouvoir. En résumé, on se retrouve contraint de prendre les mesures les plus douloureuses au pire moment.
Périlleux : il serait très difficile, vis-à-vis de la gauche politique et syndicale, mais aussi de la droite sociale et centriste, de convaincre du bien-fondé d'économies qui ne concerneraient que les plus fragiles. Il serait incompréhensible de réduire les aides sociales sans revisiter les milliards d'allégements fiscaux. D'accroître la cotisation retraite sans reconsidérer le bouclier fiscal et taxer les hauts revenus.
Car le problème est moins de plafonner l'impôt à la moitié du revenu que d'exonérer les plus riches de toute contribution. Les centaines d'exonérations fiscales, ces fameuses « niches » dont l'addition représente 70 milliards de manque à gagner, bénéficient d'abord à ceux qui ont les moyens d'investir pour défiscaliser. Ceux-là ont majoritairement voté Nicolas Sarkozy.
Prisonnière de son électorat et de ses promesses, la majorité, échaudée par les régionales, craint d'être incomprise par les siens. C'est pourtant dans ce gruyère fiscal, autant que dans la baisse de la dépense publique, que réside la solution. François Hollande a raison au moins sur un point : 2012 se jouera sur la fiscalité.
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