TOUT EST DIT

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vendredi 26 mars 2010

Quel roman !


On ne sait jusqu'où ira la rivalité entre le président de la République et Dominique de Villepin. L'histoire aura sans doute une issue politiquement tragique pour celui des deux hommes qui perdra le long bras de fer engagé dès... 1993. Mais avec l'épisode d'hier, l'ancien Premier ministre a relancé encore une interminable saga qui ne cesse de rebondir.
Qui, avant le procès Clearstream, lui accordait la moindre chance de refaire surface sur la scène du pouvoir ? Personne. A tel point que la détermination du chef de l'État à obtenir sa condamnation pour le mettre définitivement hors jeu passa pour de l'acharnement tant l'adversaire semblait désarmé. Et le voilà, quelques mois plus tard, en pleine lumière, narguant un pouvoir qui l'avait méprisé. Décidément, on n'est jamais mort, en politique, tant qu'on respire encore.
Ressuscité, M. Villepin a donc minutieusement pilonné l'Élysée. Au bout d'une demi-heure de déclaration, il ne restait plus grand-chose debout de la politique et de la pratique présidentielles. Notre assaillant combat à l'ancienne, à coup d'effets de manche, de formules solennelles et de lyrisme. Une séquence épique où la théâtralité un peu trop surjouée et un peu trop crispée finit par affaiblir la spontanéité du propos. Mais l'acteur a su user de l'émotion pour rattraper son public...
Si Dominique de Villepin manque manifestement d'entraînement à la tribune, il sait taper efficace. Les valeurs d'un gaullisme social, telles qu'il les a décrites, prennent l'exact contre-pied des méthodes de son rival de l'Élysée. Ça tombe bien : elles permettent de structurer l'espace de centre-droit délaissé depuis longtemps par l'UMP et devenu (provisoirement) trop grand pour un François Bayrou parti en vrille électorale. En un mot, l'ancien Premier ministre comble un vide.
La faible popularité dont il bénéficiait encore à l'automne a laissé place à une curiosité intéressée de toute une partie de la droite classique lassée par les foucades de son imprévisible chef. Il est regardé, désormais, comme un champion de secours, plus facilement gérable que ce président énigmatique qui aime à réserver des surprises aux Français. D'une certaine manière, après tant d'agitation, il... rassure.
Tiendra-t-il au-delà de ce retour tonitruant ? Cela ne dépendra que de son talent et... de son argent. En préconisant implicitement la suppression du bouclier fiscal et le relèvement des impôts de la tranche la plus élevée, il ne va pas se faire que des amis au Medef... Mais, pour l'heure, il ne veut compter que sur ses propres réseaux -autrement dit une construction amateur bien légère dans la compétition de poids lourds de 2012. Cet homme qui -dans ses voeux de Matignon- avait réclamé « un peu plus de tendresse » dans la vie publique se prépare déjà comme un guerrier.

Olivier Picard

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