Ça bout du côté des industriels mais aussi des producteurs. Le différentiel de prix avec l'Allemagne est au coeur des discussions.
Tensions. Les industriels laitiers (Fnil) veulent passer en force sur le prix du lait. Lors d'une réunion, hier matin, dans le cadre de l'interprofession, la Fnil a claqué la porte de la réunion organisée avec la FNPL (Fédération nationale des producteurs laitiers). « Les industriels privés veulent aligner le prix du lait français sur le prix allemand, c'est une véritable déclaration de guerre », réagit avec colère Franck Guéhennec, secrétaire général de la FRSEA Ouest et administrateur de la FNPL.
Pourtant les hausses tendancielles pour le second trimestre n'ont rien d'exceptionnel. L'augmentation du prix du lait payé aux producteurs pour le deuxième trimestre 2010 aurait dû afficher + 5,7 % soit 15 €/1 000 litres. Cette hausse résultant de l'application de l'accord du 3 juin 2009.
Les Allemands moins chers. Pour les industriels, le problème se situe de l'autre côté du Rhin « Avec un prix du lait supérieur de 15 % en 2009 à celui payé en Allemagne, notre principal client et fournisseur, le prix français s'inscrit parmi les plus élevés d'Europe », explique la Fnil. Le différentiel est d'environ 35 €. Pas question pour eux d'accepter une nouvelle hausse de 5,7 % sur le deuxième trimestre 2010. « Ne pas tenir compte de cette situation serait dévastateur en termes de développement économique pour les territoires français, d'emplois industriels et de débouchés pour les producteurs de lait français », explique-t-on du côté des industriels.
En présentant les résultats du groupe Bongrain à Paris, hier matin, Pascal Breton, le directeur général du groupe ne disait pas autre chose : « Sur le marché européen du fromage, la situation est intenable. Les producteurs de lait français ont un besoin vital de l'export pour valoriser leur production. La balance commerciale française des produits laitiers est passée de 3 milliards d'euros à 2,5 milliards en 2009. Nous perdons chaque mois des parts de marché ! »
Plus prudentes sur l'accord interprofessionnel, les coopératives (FNCL) n'en soulignent pas moins le différentiel France-Allemagne. Évidemment les producteurs de lait ne l'entendent pas de cette oreille. Pour la FNPL, le prix du lait ne suffit pas à expliquer le différentiel de compétitivité. Le syndicat maintient que l'accord du 3 juin doit s'appliquer. Sauf que, dans la réalité, il ne l'est plus depuis hier matin.
Manifestation. Pendant ce temps, chez les producteurs, le feu couve sous la braise. L'APLI a lancé pour la soirée de ce mercredi, une opération de « grandes flambées de détresse dans les campagnes en attendant une manifestation de grande ampleur ». De son côté, la Confédération paysanne, par la voix de son représentant au conseil de l'élevage de France Agrimer a dénoncé avec 25 militants, tenus eux à l'écart des grilles fermées, l'avis émis ce jour par le conseil spécialisé des filières laitières françaises, « favorable à l'augmentation de 2 % du quota national pour 2011. Cela équivaudra à remettre potentiellement 500 000 tonnes de lait supplémentaire sur le marché ». Points de vue décidément irréconciables.
vendredi 19 mars 2010
Prix du lait : les industriels se rebiffent
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