L'ouverture du procès(MASCARADE) d'une centaine de personnes accusées d'avoir participé à des manifestations après la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad a été marqué par un étrange coup de théâtre, samedi 1er août. Plusieurs "modérés" figurant sur le banc des accusés, qui encourent une peine de cinq ans de prison et dans les cas les plus graves la peine capitale, ont affirmé qu'ils regrettaient d'avoir pris part aux manifestations. Les médias étrangers n'étant pas autorisés à suivre les débats, leurs propos ont été rapportés par les agences de presse iraniennes.
Alors que le procès venait de s'ouvrir, un éminent membre du camp réformateur a déclaré que la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad avait été régulière. "J'affirme que la question des fraudes en Iran était un mensonge qui est sorti pour provoquer des émeutes, pour que l'Iran devienne comme l'Afghanistan et l'Irak et endure des dommages et de la souffrance", a déclaré Mohammad Ali Abtahi, ancien vice-président sous le mandat du président réformateur Mohammad Khatami (1998-2005), selon des propos rapportés par l'agence Fars. Il a ensuite affirmé avoir commis une "erreur" en participant aux rassemblements, reprochant au candidat modéré Mehdi Karoubi, dont il était le conseiller lors de la campagne électorale, de l'y avoir poussé.
Il a également accusé l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997) d'avoir passé un pacte avec Mohammad Khatami et le candidat malheureux à la présidentielle Mir Hossein Moussavi. Selon lui, M. Rafsandjani voulait se venger de sa défaite à l'élection présidentielle de 2005 remportée par M. Ahmadinejad, ce que l'ancien président a aussitôt démenti.
"PARDON"
Mohammad Ali Abtahi figure parmi la centaine de personnes accusées de troubles à l'ordre public lors de manifestations qui ont suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin. Parmi les prévenus figurent d'importantes personnalités du camp réformateur, dont des proches de l'ancien président Mohammed Khatami et des militants favorables aux chefs de file de l'opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi. Le box des accusés compte notamment dans ses rangs un ancien porte-parole adjoint au Parlement et un ancien vice-président chargé des affaires parlementaires sous la présidence de Mohammed Khatami.
Peu après ce revirement inattendu, ce fut au tour du journaliste irano-canadien Maziar Bahari, travaillant pour Newsweek, de demander pardon au guide suprême lors d'une déclaration à la presse à la sortie de l'audience, a rapporté l'agence Irna. "Inconsciemment, j'ai participé à la révolution de velours" que l'Occident voulait organiser en Iran avec l'aide de ses médias, a-t-il déclaré. Le sociologue irano-américain Kian Tajbaksh, également sur le banc des accusés, a quant à lui affirmé qu'un projet de longue date des Etats-Unis visait à changer le régime iranien.
PEINE DE MORT
L'agence officielle Irna, citant des sources judiciaires, a précisé que parmi les personnes jugées figurent des manifestants pris en photo alors qu'ils étaient entrain de "commettre les crimes". Ils sont accusés d'avoir "participé aux émeutes" et "agi contre la sécurité nationale, perturbé l'ordre public et commis des actes de vandalisme". Les accusés encourent une peine de cinq ans de prison, selon l'agence Fars, qui précise que s'ils étaient reconnus coupables d'être "mohareb" (ennemi de Dieu), ils risquaient la peine de mort.
Jusqu'à 2 000 personnes avaient été arrêtées lors des manifestations de protestation contre la réélection le 12 juin du président Ahmadinejad, la plus grave contestation populaire dans le pays depuis la révolution islamique de 1979. Une trentaine de personnes ont été tuées lors des violences ayant suivi l'élection. La majorité des personnes arrêtées ont depuis été libérées et quelque 250 personnes sont toujours derrière les barreaux. L'opposition est menée par le candidat malheureux à la présidentielle, Mir Hossein Moussavi, qui affirme que M. Ahmadinejad devait sa réélection à des fraudes massives.
dimanche 2 août 2009
Des manifestants jugés à Téhéran demandent pardon au pouvoir
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