vendredi 13 février 2015
Percée franco-allemande
François Hollande et Angela Merkel ont rencontré Vladimir Poutine à Moscou au sujet de l’Ukraine. Après cinq heures d’entretien, le Kremlin faisait part « de pourparlers constructifs et substantiels ». Ce voyage en duo est leur première opération conjointe. Il est cependant trop tôt pour parler de “Merkhollande”. Le couple franco-allemand n’a signé aucun texte commun en deux ans et demi mais, lors de sa conférence de presse, François Hollande a parlé de « lien » avec une ferveur nouvelle. « Quand nous sommes ensemble, Français et Allemands, nous avons toute la capacité de la puissance à l’échelle du monde. »
Qui a eu l’initiative de ce voyage ? La France et l’Allemagne avaient déjà tenté d’organiser un sommet à quatre à Astana (Kazakhstan), à la mi-janvier. Projet abandonné en raison de la dégradation de la situation militaire sur le terrain. Un espoir ? Vladimir Poutine est cette fois demandeur. Il l’a fait savoir à François Hollande et aurait donné à Angela Merkel des signes montrant qu’il serait prêt à un compromis. C’est que les États-Unis envisagent de livrer des armes à l’Ukraine. Les ministres de la Défense de l’Otan ont décidé la création d’une force rapidement mobilisable de 5 000 hommes et l’idée d’une longue frontière Russie-Otan est insupportable pour Moscou. Avec la chute du rouble et la baisse du prix du pétrole, les sanctions commencent à peser lourd sur l’économie russe. Les populations souffrent. Poutine veut sortir de la nasse la tête haute, en ayant pris son bénéfice.
« Si nous échouons, une hypothèse qui existe, on pourra dire que la France et l’Allemagne ont fait, en tant qu’Européens, tout ce que deux grandes nations pouvaient faire », a prévenu François Hollande. Il s’adressait moins à l’opinion qu’à celui qui les a sollicités. « Si nous ne parvenons pas à trouver […]un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s’appelle la guerre », a-t-il renchéri, dimanche. François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko devaient se retrouver, ce mercredi, à Minsk. Là où des accords avaient déjà été conclus, le 5 septembre, mais jamais appliqués. La négociation s’était alors déroulée entre Kiev et les séparatistes.
Va-t-on arriver à un accord sous parrainage de l’Europe ? Le problème est celui de la définition du statut spécial et de la zone où il sera appliqué. Où sera la ligne de partage ? Celle du cessez-le-feu du 5 septembre ou celle qui inclut les territoires conquis depuis par les séparatistes avec l’aide de l’armée russe ? Le président Porochenko refuse d’abandonner la ville de Marioupol, sur la mer d’Azov. Autre difficulté, les pouvoirs laissés aux séparatistes. La Russie souhaite que ce territoire soit neutre et dispose de larges prérogatives constitutionnelles. Des conditions que n’accepte pas pour l’heure Porochenko. Mais il faut tout faire pour éviter « une guerre totale ».
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