TOUT EST DIT

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samedi 12 juillet 2014

Arnaud Montebourg, la bombe à retardement de François Hollande

Entre ses menaces de démission et le refrain de la dissidence qu’il entonne à loisir, jusqu’à tenir son propre discours de politique générale, le ministre de l’Économie est une bombe à retardement pour François Hollande. Récit.
Le 26 juin dernier, devant un parterre de patrons qui l’accueillaient en vedette au château de Maintenon, le ministre de l’Économie s’est fendu d’une petite tirade dont il a le secret. « J’ai entendu, il y a quelques heures, le secrétaire général de l’Élysée dire, au sujet des ministres qui peuvent quitter le gouvernement : “ Croyez-vous qu’un ministre puisse quitter la cour pour la Fronde ? ” » Dans l’assistance, le silence se fit intégralement avant qu’Arnaud Montebourg ne reprenne, plus théâtral que jamais : « Mais la Fronde, c’est la vérité ! La cour, c’est le masque. » L’anecdote ne fit qu’un entrefilet dans la presse, mais il se murmure qu’elle fit grand bruit à l’Élysée et à Matignon, où Manuel Valls se débattait au même instant pour convaincre les députés rebelles de sa majorité de voter le projet de loi de finances rectificative. Il faut dire que la menace était à peine voilée. Du Montebourg dans le texte. D’autant que, quelques jours plus tôt, le Nouvel Observateur révélait que le ministre avait menacé une nouvelle fois de démissionner. « À force, cela arrivera bien un jour », confie, placide, un conseiller de François Hollande.
Mais à quoi joue Arnaud Montebourg ? Il n’était pas encore ministre qu’il était déjà frondeur. Nous sommes en février 2012. François Hollande n’est pas encore élu président, mais le troisième homme de la primaire socialiste a un projet et une petite cour pour l’entretenir dans ses rêves de grandeur. « On va méthodiquement ringardiser Hollande », lâche-t-il à ses proches. Il ne doute pas une seconde que le président du conseil général de Corrèze s’installera bientôt à l’Élysée. Le poste de premier ministre est promis de longue date à Jean-Marc Ayrault, mais jusqu’au bout, il espérera pouvoir obtenir Matignon. Le 7 mai 2012, il demande même à l’un de ses collaborateurs de mener sur Twitter et auprès de l’opinion une campagne pour sa nomination. Arnaud Montebourg ne doute de rien. Surtout pas de lui-même.
Mais par-dessus tout, Arnaud Montebourg rêve de la présidentielle, « la seule élection à laquelle j’envisage de me présenter un jour », dira-t-il plus tard. Il a un plan. Faire comme Nicolas Sarkozy en son temps avec Jacques Chirac. À dire vrai, il s’est toujours opposé à François Hollande. Ne s’était-il pas laissé aller à dire, sur le plateau de Canal Plus, pendant la campagne présidentielle de 2007 : « Le point faible de Ségolène Royal, c’est son compagnon » ? Même quand il est venu lui apporter comme une dot les 17 % qu’il avait obtenus à la primaire, ce n’était pas sans arrière-pensées politiques. Les circonstances l’ont conduit à pactiser avec son antithèse. Mais Arnaud Montebourg n’a jamais perdu de vue son objectif, la présidentielle de 2017.
Initialement, comme il l’avait confié à certains de ses amis, il pensait passer à l’offensive en 2015. Les malheurs du président et la déroute des socialistes aux municipales l’ont obligé à se dévoiler plus tôt que prévu. Au lendemain des municipales, il a eu la peau de Jean-Marc Ayrault, « le benêt de Nantes » comme il le qualifie lui-même, et scellé un accord avec Manuel Valls pour que le ministre de l’Intérieur accède à Matignon. Il a même écrit à François Hollande pour le sommer de nommer Valls premier ministre.
Pourtant, les deux hommes ne s’apprécient guère. Mieux, tout les oppose. Manuel Valls fait figure aux yeux d’Arnaud Montebourg de socialiste honteux. Il a si souvent puisé ses idées dans l’arsenal de la droite (sur les 35 heures, la TVA sociale, la sécurité…) qu’Arnaud Montebourg, qui campe bien ferme sur sa gauche, assurait, pendant la primaire, qu’« il n’a qu’un pas à faire pour aller à l’UMP ». La réponse de Manuel Valls n’avait pas tardé : « Ce genre de déclarations montre que lui n’a plus qu’un pas à franchir pour rejoindre le camp de la bêtise. » Ambiance...

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