mercredi 19 juin 2013
Élection partielle en France : le sentiment d’irréalité
Tandis que des arbitres se font casser la figure par plus petit que soi, et que François Hollande tentait de contester, vigoureusement, la plupart des thèmes de sa campagne électorale sur M6 dans "Capital" (sic !), l'élimination du candidat socialiste dès le 1er tour dans le Lot-et-Garonne a été annoncée en seconde voire troisième accroche dans les journaux radio français du 17 juin (après le bac philo et les orages) alors qu'il aurait dû être évidemment premier tant, après l'élimination du PS également dès le 1er tour dans l'Oise il y a quelques semaines, quelque chose à l'évidence s'est mis en route dans le pays. "Coup de tabac" pas "coup de tonnerre" pour Alain Duhamel, sans doute parce que dans l'Oise l'UMP a gagné au bout du compte (à dormir debout pourtant) et que l'on s'attend à la même chose dimanche 23 juin. Peut-être… et, sans doute.
Mais le plus frappant était moins dans cette relativisation, compréhensible si l'on veut, que dans les explications données y compris au plus haut niveau de l'État, parlant de "séquelle de l'affaire Cahuzac", de "hausse du chômage", alors que ces facteurs, à prendre en compte, ne sont pas les plus importants, surtout le dernier qui fonctionne depuis trente ans, et que le premier est à resituer dans un contexte plus général d'hypocrisie généralisée vis-à-vis d'un cachez-cet-argent-que-je-ne-saurais-voir. Non. Il faudrait plutôt analyser ce déficit d'explication par le refus d'observer un malaise généralisé face à la pratique d'un discours en déphasage avec sa phraséologie. Pour parler langue de coton bien sûr.
En langage dru cela donne autre chose : puisque les paramètres fondamentaux qui expliquent depuis trente ans "La France qui tombe" (pour reprendre ce titre prémonitoire de Nicolas Baverez) sont toujours non seulement relativisés mais vigoureusement niés, il est "normal" que les explications restent bien en deçà de la hauteur d'analyse nécessaire (faite en long et en large depuis longtemps mais toujours minorée).
Il s'en suit dans ce cas un doux sentiment d'irréalité. En plus il fait (enfin) beau. Sauf que cela fait toujours penser à ce "lâche soulagement" dont parlait l'ambassadeur italien en 1940 lorsqu'il tentait de réconforter son vis-à-vis français : "vous verrez, après on se sent plus léger" ; en effet, dès l'armistice signée, les Folies Bergères pouvaient reprendre, Sartre songer à écrire L'Être et le néant (paru en 1943), Picasso rencontrer Jünger dans son atelier parisien (1941). Tout va bien donc (so far no harm done). Puisque l'exception culturelle est là : celle qui précisément par ses effets spéciaux permet de garder les yeux fermés malgré des pupilles bien ouvertes ; nier, avec sourire et tact, c'est capital. En août 14 il faisait terriblement beau.
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1 commentaires:
Vous auriez pu indiquer que ce billet est de Lucien Samir Oulahbib...
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