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vendredi 20 janvier 2012

Présidentielle : Bayrou fait peur à Hollande

François Bayrou tenait jeudi soir son premier meeting de campagne à Dunkerque, ''la ville la plus au nord du territoire'', souligne-t-il. Plébiscité par les sondages, le candidat du MoDem effraie désormais la gauche. 

En se positionnant comme le candidat « anti-système », François Bayrou ratisse large... au point d'inquiéter la gauche. Après avoir tendu la main au leader du MoDem en novembre, François Hollande a brusquement changé de ton cette semaine. « Le candidat socialiste a demandé à ses troupes de cibler le "troisième homme" de 2007, en précisant les angles d'attaque à employer pour l'affaiblir », selon LeMonde.fr, qui cite un participant du conseil politique organisé mercredi par Hollande.
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Le député de Corrèze aurait minutieusement brieffé les membres de son équipe de campagne, en leur demandant d'appuyer sur quelques points sensibles de la candidature centriste: le projet d'instaurer une hausse de la TVA de l'ordre de 2 points, l'absence de clarté sur d'éventuels alliés politiques, et le risque d'un retour aux combinaisons partisanes de la IVe République.

Ayrault applique la consigne

Sans attendre, le conseiller spécial de François Hollande Jean-Marc Ayrault a appliqué la consigne à la lettre le jour même. « La situation de la France est tellement sérieuse et grave qu'on a besoin de solutions claires et courageuses. François Bayrou (...), c'est un peu le champion de la confusion. On ne sait pas ce qu'il propose. C'est un prince de l'équivoque », a déclaré mercredi soir le chef de file des députés PS, sans oublier de brandir la menace d'un « retour à la IVe République ».
Henri Emmanuelli, député des Landes, a pris le relais jeudi en se désolidarisant du député béarnais. « En Aquitaine, tout le monde sait que François Bayrou est à droite. Il a toujours mené ses batailles aux côtés de l'UMP (…). Bayrou n'est là que pour préparer le second tour de Sarkozy », assure l'élu landais dans les colonnes du Monde. Un virage à 90 degrés pour le PS: jusqu'ici, le candidat socialiste avait soigneusement évité de fermer la porte à une alliance avec le centre. « En 2012, Bayrou ne sera pas dans le ni-ni au second tour », pronostiquait le député de Corrèze en septembre 2010. « Il faut maintenir possible son basculement vers la gauche ».

''Hollande a déçu''

Pour l'instant, pas de « basculement » en vue : François Bayrou se contente de surfer sur la déception suscitée par ses adversaires. « Il peut séduire les électeurs de centre-gauche parce qu'il leur semble mieux placé que Hollande pour battre Sarkozy  », explique Stéphane Rozès, président du cabinet de conseil Cap et enseignant à Sciences-Po et HEC. « François Hollande a déçu parce qu'il semble totalement phagocyté par le PS depuis son investiture aux primaires », poursuit le politologue. « Il a perdu le lien direct avec les Français, contrairement à François Bayrou, qui se place dans une posture très gaullienne ».
Pour Stéphane Rozès, l'avenir du PS dépend désormais du premier grand meeting de campagne organisé dimanche au Bourget (Seine-Saint-Denis). « On verra à ce moment là si François Hollande parvient à renouer avec le pays. Sinon, Bayrou va continuer à monter. Il peut vraiment faire bouger les lignes de la présidentielle ».

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