TOUT EST DIT

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jeudi 19 janvier 2012

Incarner l'action

Renforcer le dispositif du chômage partiel, favoriser l'embauche des jeunes dans les très petites entreprises, remettre en selle les chômeurs de longue durée... Qui pourrait raisonnablement s'opposer à un tel arsenal de mesures en faveur de l'emploi dans un pays aussi lourdement plombé par le chômage ? Personne de bonne volonté, ni à gauche ni à droite.

À l'issue d'une rencontre avec les partenaires sociaux hâtivement qualifiée de sommet social, Nicolas Sarkozy a finalement réussi une sorte de service minimum, propre sans doute à désamorcer les velléités syndicales unitaires à défaut de renverser les courbes du chômage à court terme.

En fait, dans la continuité de ses dernières annonces - TVA, taxe Tobin - il a surtout cherché à donner le change politique. Le Président sortant veut montrer jusqu'au bout de son mandat qu'il est l'incarnation tout à la fois du président protecteur et de l'homme d'action, du capitaine rassurant et du réformateur courageux. En soi, rien à redire, au contraire. Un Président qui semble se décarcasser jusqu'au terme de son mandat, ça nous change un peu.

Sauf que ce Président, qui passe une fois de plus les frontières droite-gauche pour redécouvrir les vertus de l'apprentissage, de la reconversion des exclus et de la nécessité de muscler les moyens de Pôle emploi, est le même qui avait laissé un peu en friche ces dossiers cruciaux depuis des années. Le soupçon d'opportunisme électoraliste est pour le moins permis.

Si, aujourd'hui, personne ne peut rejeter a priori son catalogue de l'urgence, personne non plus ne peut croire tout à fait à sa faisabilité immédiate, financière et sociale. Dans sa posture délibérément volontariste, Nicolas Sarkozy feint d'ignorer qu'il y a une élection essentielle au printemps, une sorte de mur démocratique qui peut l'arrêter aussi net que ses vélléités d'action du moment. Il feint surtout de croire qu'il y a des mesures efficaces à prise rapide sur l'emploi dans une situation de récession. Ce qui n'est malheureusement pas le cas.

Le choix du Président est assumé crânement, mais bâti sur un pari redoutable. Car les mesures du « sommet » ne sont apparemment que la face émergée d'une révolution beaucoup plus radicale que Nicolas Sarkozy se prépare à annoncer et à mettre en oeuvre dès la fin du mois... Sans doute après le discours programme de François Hollande. Les profondes réformes envisagées sur le financement de la protection sociale et la libéralisation du temps de travail sont potentiellement deux bombes explosives à fragmentation électorale majeure. Dans leur contenu présumé, elles renouent avec le libéralisme décomplexé que prônait Nicolas Sarkozy il y a cinq ans.

Conscient qu'il ne décolle pas dans les sondages, malgré son activisme, il semble tenté par la voie d'une sorte de va-tout, en rendossant son habit de candidat de la rupture. Les indécis et déçus du sarkozysme se rallieront-ils, comme le patronat, hier, à son panache ? La recette victorieuse de 2007 peut-elle être reconduite ? Le gros cactus, pour Nicolas Sarkozy, c'est qu'il ne peut plus incarner simplement l'homme d'un projet. Il est aussi qu'il le veuille ou non, l'homme d'un bilan.

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