Le nouveau gouvernement grec, fort d'un large vote de confiance obtenu mercredi soir au parlement, a aussitôt entamé des discussions avec les banques du monde entier pour effacer une partie de la dette du pays en application du nouveau plan du sauvetage de la Grèce décidée fin octobre à Bruxelles.
La nouvelle équipe gouvernementale a rassemblé une confortable majorité de 255 voix sur 293 des 300 députés présents au parlement mercredi soir pour participer au vote de confiance organisé après trois jours de débat parlementaire.
La coalition formée vendredi dernier autour du Parti socialiste (Pasok) de l'ancien Premier ministre Georges Papandréou, avec le parti conservateur (Nouvelle Démocratie) et l'extrême droite (Laos), pouvait théoriquement compter sur le soutien d'au moins 254 députés.
"Je suis optimiste. La zone euro va surmonter les difficultés d'aujourd'hui malgré les divergences entre les pays (...) et les dirigeants vont prendre les décisions nécessaires pour assurer la crédibilité et stabiliser le système bancaire", a déclaré M. Papademos devant les députés.
Le Premier ministre a souligné qu'il fallait "des interventions plus radicales, avec un renforcement de la marge d'actions du Fonds européen de stabilité financière (FESF)".
Juste après avoir obtenu le vote de confiance, Lucas Papademos s'est entretenu avec le chef de l'association mondiale des banques, Charles Dallara, pour ouvrir officiellement les négociations sur le délicat programme d'effacement de la dette grecque.
Signe de l'urgence de la situation, le dirigeant de l'Institut de la finance internationale (IIF) a fait spécialement le déplacement dans la capitale grecque pour rencontrer au plus vite les dirigeants du pays, retenus à Athènes par le scrutin parlementaire.
M. Dallara s'est également entretenu avec le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, qui avait qualifié vendredi "d'urgent le lancement, officiel et public" de la procédure d'effacement partiel de la dette grecque.
Au total, le programme d'échange d'obligations comportant une perte de 50% pour les créanciers privés du pays doit permettre de réduire la dette publique du pays à 120% du PIB du pays en 2020 contre plus de 160% actuellement.
Lors du débat sur le vote de confiance, M. Vénizélos a déclaré au parlement "que le système bancaire grec doit être restructuré prochainement sur une base des capitaux sains et forts".
Depuis mardi, les options sur la table ont fait l'objet de fuites dans la presse. M. Dallara doit poursuivre sa tournée à Francfort, où il rencontrera des dirigeants du secteur financier qui possèdent des titres d'Etat grecs.
Mais avant même le début des discussions, la zone euro a renforcé sa pression sur la Grèce réclamant de nouveau, mercredi, que ses dirigeants s'engagent par écrit à respecter les modalités du dernier plan de sauvetage du pays voté dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles.
Or le parti conservateur rechigne à toute promesse écrite. Prenant le relais de leur chef Antonis Samaras, qui s'y était déjà opposé la semaine dernière, plusieurs députés de droite ont manifesté mardi leur refus de céder aux "diktats de Bruxelles". Cela leur a valu d'être brocardés mercredi par le quotidien à grand tirage Ta Nea, publiant un fac simile de la signature de M. Samaras assortie du commentaire: "la signature qui vaut huit milliards".
Pour les créanciers, cet engagement écrit est en effet la condition sine qua non au déblocage de huit milliards d'euros dont dépend la survie de la Grèce à court terme. Cette somme fait partie d'un premier prêt décidé au printemps 2010.
Le ministre grec des Finances espérait la semaine dernière que la zone euro pourrait débloquer dès jeudi cette somme, indispensable pour éviter une faillite du pays d'ici à la mi-décembre.
Le Premier ministre a réitéré devant les députés la nécessité d'obtenir un engagement signé de chaque parti. Il rencontrera les responsables de la Commission lundi à Bruxelles.
La dénonciation de ces sacrifices devrait figurer en bonne place dans les manifestations de gauche organisées jeudi pour commémorer la répression, le 17 novembre 1973, de la révolte estudiantine contre la junte des colonels.
L'opposition parlementaire de gauche, le parti communiste (KKE) et la gauche radicale (Syriza), qui ont refusé de se joindre à la coalition gouvernementale, devraient fournir des troupes dans la rue aux côtés des contingents traditionnels d'étudiants, face à plus de 7.000 policiers déployés à Athènes.
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