TOUT EST DIT

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jeudi 6 janvier 2011

Le mur de défiance

Tous les sondages le confirment : les Français sont un des peuples les plus méfiants d'Europe. Yann Algan et Pierre Cahuc étaient, dès 2006, remontés aux sources du phénomène dans leur ouvrage « La Société de défiance ». Le sentiment n'est pas nouveau. On se souvient de la campagne de suspicion contre les « 200 familles » au temps du Front populaire. La crise récente n'a pu qu'exacerber cette tendance. Il suffit de se promener sur Internet pour y rencontrer une agressivité virulente contre les élites en général, les politiques et les financiers en particulier. Le terreau du populisme est là ; il suffit de se baisser pour le ramasser et d'aucuns ne s'en privent pas. L'extrême droite d'abord, c'est son capital historique. La gauche sans-culottes y trépigne également comme l'illustre le titre du nouveau livre de Jean-Luc Mélenchon : « Qu'ils s'en aillent tous ! ». C'était exactement le thème de la première campagne politique de Jean-Marie Le Pen sous l'étiquette poujadiste, lors des élections législatives de… 1956 !

Comment fait-on barrage à une dérive aussi préoccupante ? En rétablissant la confiance, dirait M. de La Palice. Mais encore ? Puisque la parole des élites n'a plus de crédibilité, il faut travailler sans relâche à des actes. Prouver concrètement que l'on fait ce que l'on dit. C'est peut-être le chemin qu'a voulu emprunter Nicolas Sarkozy lors de ses voeux télévisés. Mais les trois thèmes qu'il a choisis pour 2011 ne vont pas être d'un maniement commode : La création d'une branche « dépendance » de la Sécurité sociale, parce que cela coûte très cher et qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses ; les jurés populaires dans les tribunaux, car ce n'est pas cela qui fera concrètement reculer l'insécurité ; la réforme de la fiscalité du capital, parce que cela ne concerne qu'une minorité. Quant à sa principale adversaire politique actuelle, Martine Aubry, ses voeux ont consisté en de gentilles paroles sur de gentils sujets généraux. Les actes réalistes susceptibles de rétablir la confiance ne sont donc pas venus non plus de ce côté. Le mur de défiance est encore devant nous !

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